Une
analyse objective de la situation à Paris montre que la
protestation des piétons contre le stationnement anarchique des
deux-roues sur les trottoirs est légitime, qu'il s'agisse de
motos ou de vélos. En effet, cet envahissement généralisé est
source de gêne, de peurs et de conflits permanents.
Les
cyclistes qui considéreraient qu'ils ne sont pas concernés
par la pétition des DDP feraient preuve d'irresponsabilité.
Certes, l'exaspération des piétons est essentiellement causée
par la croissance exponentielle du nombre de motos en
stationnement sauvage sur les trottoirs, mais les cyclistes
aussi ont leur part de responsabilité. De toute façon l'article
R.417-10 du 30 juin 2003 du nouveau code, paragraphe 2, alinéa
1er sur lequel s'appuient les DDP pour leur protestation précise «est
considéré comme gênant la circulation publique, l'arrêt ou le
stationnement d'un véhicule sur les trottoirs, les passages
ou accotements réservés à la circulation des piétons.»
Le vélo est un véhicule et le code ne fait pas de différence
entre deux-roues à moteur ou sans moteur (vélo) : leur
stationnement illicite sur les trottoirs est considéré comme gênant
et donc une infraction.
La
situation à Paris :
Une cause
évidente de l’envahissement des trottoirs parisiens par les
motos est l'imprévoyance des décideurs qui se sont surtout
concentrés sur l'objectif de réduire la circulation automobile
dans Paris, mais n’ont pas osé transférer suffisamment de
places de stationnement sur chaussée vers les deux-roues motorisés
dont il n'avaient pas anticipé l'énorme développement.
Ils avaient pensé que beaucoup d'automobilistes abandonneraient
leur voiture pour la marche à pied, le vélo, ou les transports
en commun. Mais en réaction aux difficultés de circulation
des dizaine de milliers d'entre eux sont passés à la moto
parce que, comme avec un vélo, ils pouvaient se faufiler
dans les embouteillages et trouver en fin de course une place de
stationnement... sur un trottoir : ils bénéficiaient en
effet depuis 1994 d'une ordonnance tolérant leur
stationnement sur les trottoirs "sans gêner les piétons",
en conformité avec l'ancien code qui donnait à l'autorité
investie du pouvoir de police la possibilité d’accorder
cette tolérance. Pendant plusieurs années on s’est satisfait
de cette situation anarchique jusqu’à ce que la Préfecture de
Police décide d’attaquer le problème dans ses effets en
faisant appliquer le Code dans toute sa rigueur. Résultat :
les amendes pleuvent sur les motards (et dans une moindre mesure
les cyclistes) au grand dam de l'Association des Motards en Colère
qui affirme qu'il manque 100 000 places de stationnement pour les
deux-roues à Paris et organise des rassemblements, manifestations
et pétitions pour le rétablissement de la tolérance.
Quant aux
cyclistes parisiens, à ce problème de manque de places de
stationnement spécifiques pour eux, s'ajoute une ordonnance
interdisant aux usagers de deux-roues d'attacher leur machine à
du mobilier urbain, barrières, poteaux ou signaux. Dans la
pratique, ce sont surtout les cyclistes qui sont pénalisés par
cette interdiction, même là où leur vélo n'occasionne aucune gêne.
En 2005 selon l'association MDB (Mieux se Déplacer à
Bicyclette) la police a enlevé après en avoir coupé les
attaches, 1700 vélos, or seulement 37 cyclistes ont récupéré
leur bien. On peut en deviner les raisons possibles : 1 - leurs
propriétaires ont cru être victimes de voleurs ordinaires et
n'ont pas fait de recherches en raison du taux extrêmement
faible vélos volés (lire marquage)
retrouvés par la police, 2 - il s'agissait d'épaves ou presque,
3 - mais la principale raison était probablement le coût de la
fourrière et de l'amende qui dépassait la valeur vénale du vélo.
Pourtant la Loi sur l’air de 1996 et le PDU Île-de-France prévoient
que les déplacements à vélo doivent être favorisés, ce qui
implique que des solutions à leur besoin de stationnement soient
rapidement trouvées.
Solutions
:
Nous ne
nous prononcerons pas sur les solutions que les autorités
parisiennes devront proposer aux motards, mais seulement sur les
mesures à prendre d’urgence pour que les cyclistes parisiens ne
se retrouvent pas mis systématiquement en infraction, ce qui
serait un obstacle au développement du vélo comme mode de déplacement
non polluant :
- Dans
un premier temps et sur le court terme, une tolérance
"intelligente" tenant compte de la réalité de la gêne
occasionnée aux piétons (par exemple si un cheminement de 1m
40 reste disponible), et de la nuisance ou des détériorations
causées au mobilier urbain par les attaches de vélos à l'évidence
non abandonnés.
-
L’agrandissement des parcs de stationnement notoirement en
nombre insuffisant dans les abords des gares et autres lieux
publics très fréquentés.
- La création
aussi vite que possible de places de stationnement en grand
nombre en linéaire sur la chaussée par suppression d'une place
sur 25 ou 50 places pour autos par exemple,
Si les
piétons font entendre leur voix et qu'ils sont appuyés sans arrière-pensées
par les cyclistes (Fubicy, FFCT) et pourquoi pas ?... les
motards de la FFMC, tout le monde y gagnera car les autorités
parisiennes ne pourront plus se défausser de leur responsabilité
en faisant porter le chapeau aux cyclistes et motards. Elles
devront traiter le mal à sa racine, le manque d'aménagements
adaptés.
La
FCDE oeuvrera dans ce sens.
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