Mission
parlementaire sur les retards dans
l'application de la Loi handicap
Mme Claire-Lise Campion,
Sénatrice de l'Essonne, est désignée par
le Premier ministre pour conduire une
mission parlementaire de trois
mois chargée de définir, avec l’ensemble
des acteurs de terrain, les moyens à
mettre en œuvre pour atteindre les
objectifs fixés par la Loi handicap
pour 2015 .
L’Inspection
générale des affaires sociales (IGAS)
fait partie avec le Conseil général de
l’environnement et du développement
durable (CGEDD) et le Contrôle général
économique et financier (CGEFi) des
trois organismes d'état respectés qui
ont remis un rapport en novembre 2011
constatant des difficultés sérieuses et
des retards importants dans
l'application des règles d’accessibilité
du cadre bâti pour les personnes
handicapées.
Un rapport
d’information sur la Loi handicap remis
en juillet 2012 par les sénatrices
Claire-Lise Campion et Isabelle Debré,
vice-présidentes des commissions
sénatoriales pour le contrôle de
l'application des lois et de la
commission des Affaires sociales,
faisait le même constat alarmant.
Espérons que la
Sénatrice de l'Essonne à qui a été
confié une mission de concertation sur
la mise en accessibilité du cadre bâti,
de la voirie et du transport parviendra
à accélérer le mouvement. Elle
aura 3 mois pour rencontrer les
associations et professionnels impliqués
dans le handicap. Elle devra ensuite
étudier la pertinence des propositions
qui ont été faites par les trois
organismes citées ci-dessus, l' IGAS, le
CGEDD et le CGEFi en novembre 2011. Il
apparaît que le rapport n'a pas alors
été publié en raison probablement de
l'approche de la période électorale.
Avait-on vraiment affaire à une
obligation de réserve? En tout cas cela
fait un an de perdu.
Pourtant, dans le
domaine de la voirie, qui est notre
champ d'action, nous-mêmes à la FCDE,
mais aussi les associations de personnes
handicapées, et tous ceux qui prenaient
la peine de s'informer, faisaient le
même constat dès le début de la crise en
2007 : beaucoup de collectivités
pratiquaient un attentisme peu glorieux
par rapport à la Loi handicap concernant
la voirie. Elles avaient peur d'avoir à
s'engager pour plusieurs années dans des
dépenses que certaines considéraient
comme non prioritaires, compte tenu,
selon elles, du nombre réduit de
personnes auxquelles elles apporteraient
un bienfait.
Il faut souligner
que par souci de cohérence territoriale,
la Loi handicap incorporait dans ses
orientations la volonté qu'elles se
regroupent dans des EPCI. C'était la
période de mise en place des Communautés
de communes. La répartition des
compétences, et particulièrement la
compétence voirie, créait de nombreuses
tensions entre communes riches et
communes pauvres, et il y avait chez
beaucoup d'élus une méconnaissance de
leurs obligations respectives en matière
d'accessibilité à la voirie.
C'est la raison
pour laquelle la FCDE avait organisé en
décembre 2008 un Colloque à Evry destiné
aux élus et chefs des services
techniques de l'Essonne, avec la
participation de Mme Michèle Tilmont,
Déléguée ministérielle à l'accessibilité
et de représentants des associations de
personnes handicapées.
Alors que les PAVE
(Plan d'accessibilité à la voirie et aux
espaces publics) devaient être présentés
un an plus tard, 80% des communes
n'avaient rien fait. Il y a eu plusieurs
interventions d'élus pour questionner
Mme Tilmont sur l'illégalité supposée de
maintenir des entités appelées
commissions communales handicap,
commissions handicap, atelier handicap,
commission extra-communale
d'accessibilité, etc. En fait il
soufflait un vent de fronde parmi les
maires dont beaucoup considéraient que
l'Etat avait fait ingérence en créant de
toute pièce la nouvelle commission
d'accessibilité à la voirie dont ils
disaient qu'elle faisait double emploi
avec les commissions existantes.
A l'évidence, en
voirie, il était impossible sans un
contrôle étatique fort d'imposer une
date butoir pour la réalisation de leurs
PAVE à des communes et des communautés
aux moyens et aux configurations variés.
On peut donc penser que les piètres
résultats obtenus depuis la Loi handicap
de 1975 peu contraignante, avaient amené
le législateur à imposer la publication
officielle obligatoire chaque année des
avancées dans la réalisation du PAVE. On
pouvait espérer ainsi mobiliser les élus
et la population vers des objectifs
valorisant l'effort commun de
solidarité.
La révision de la
loi en 2009 a donné satisfaction aux
maires contestant la Commission
communale d'accessibilité à la voirie et
aux espaces publics, en lui confiant
aussi les autres tâches liées au
handicap. Avec pour résultat pendant la
longue période de rédaction des PAVE que
la voirie a continué à être négligée par
beaucoup de collectivités.
Les juristes des
associations de personnes handicapées,
inquiètes des retards pris dans tous les
domaines, ont fait ressortir que le
principe de continuité de la chaîne de
déplacement signifiait que
l'accessibilité aux ERP impliquait par
défaut l'accessibilité à la voirie entre
ces ERP. La menace de plaintes de
personnes handicapées après la date
butoir de 2015 si elles ne pouvaient pas
accéder aux différents EPR d'une
collectivité a donc été prise au
sérieux.
Les bureaux
d'études travaillant sur les PAVE
récents ont donc déterminé des
itinéraires accessibles prioritaires
incorporant cette contrainte. On peut
parier que même sur ces itinéraires
prioritaires, il y aura peu de villes du
département qui seront prêtes en 2015.
Mais faudra-t-il attendre cinquante ans
pour régler en dehors de ces itinéraires
sélectionnés, des situations manifestes
d'inaccessibilité plus graves?
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