Piétons
et cyclistes en Essonne :
Nos
villes de banlieue bien souvent présentent tous les ingrédients pour
les pires confrontations entre piétons et cyclistes. C'est que l'urbanisation
de l'Essonne s'est accélérée dans les années 70 grâce
à l'automobile. Elle répondait à deux demandes contradictoires:
-
d'une part, la création presque ex nihilo, de villes nouvelles "en
kit" telles Evry, avec séparation totale des modes de
déplacement, et des transports publics denses,
-
et d'autre part des villes à la campagne, croissant comme des champignons
autour de petits villages obligés de s'adapter à l'invasion automobile
inhérente à ce type de développement.
Le
stationnement sur les trottoirs dans le centre et aux abords des gares des
villes-dortoirs a été sinon encouragé, en tout cas toléré par des élus
soucieux d'attirer dans les nouvelles résidences une population jeune et
plutôt aisée. Le problème c'est qu'il leur est difficile de faire preuve
d'autorité maintenant pour lutter fermement contre des habitudes bien ancrées
chez leurs électeurs.
La
vie dans ce type d'habitat est pratiquement inconcevable sans l'automobile. Cela
peut expliquer, contrairement à ce qui se passe dans les grandes métropoles,
le manque de militants motivés pour une défense dure des droits du piéton :
une majorité de la population accepte les nuisances de l'automobile comme
conséquence inévitable de son usage.
Il
est étrange dans ces conditions que la colère de nombre de piétons
soit dirigée uniquement
contre les usagers qui leur sont les plus proches, les cyclistes,
parce qu'ils se trouvent en confrontation directe avec eux sur le peu d'espace
qui reste. Pourtant ce sont les automobilistes qui accaparent l'espace urbain,
stationnent impunément sur les trottoirs, et empuantissent l'atmosphère: mais
pratiquement tout automobiliste est par moment piéton, et tout piéton est à
ses heures automobiliste ou passager d'une automobile. En revanche pour faire du
vélo en ville, il faut une dose de fantaisie ou de folie.
Or
les conflits d'usage en Essonne se produisent essentiellement sur des
aménagements mal définis avec signalétique insuffisante portant les
jusqu'au-boutistes cyclistes ou piétons à penser que "l'autre" porte
atteinte à ses droits : le cycliste goujat passe à ras des piétons, le piéton malotru
bloque le passage aux cyclistes. Ces conflits pourraient dans pratiquement tous les cas
être résolus par un apprentissage des règles du Code de la route et par un
peu de tolérance et de courtoisie.
De
toute façon, l'envahissement de l'espace réservé se fait dans les deux sens :
ainsi la plupart des "pistes cyclables" (définition du
code: voies réservées et obligatoires pour les cyclistes) sont devenues
inutilisables à vitesse normale en raison de la présence de nombreux piétons
qui y circulent. Inversement, des cyclistes empruntent les trottoirs, et
gênent les piétons. Il faut toutefois avoir conscience qu'en cas
d'accident, le risque de blessures graves est beaucoup plus grand pour le
cycliste que pour le piéton à âge égal. Mais la gêne est réelle et
intolérable et la FCDE s'élève contre cette pratique, et elle s'implique
dans l'enseignement du respect du Code de la Route et de la politesse envers les
piétons.
Toutefois,
il serait bon que les piétons se demandent pourquoi des gens dont tous ne sont
pas des voyous provocateurs roulent sur les trottoirs. Eux-mêmes, s'ils étaient obligés pour
une raison quelconque d'enfourcher un vélo au même endroit que feraient-ils? Y
a-t-il à proximité une voie réservée aux cycles, oseraient-ils affronter la
circulation automobile au carrefour ou au rond-point tout proche? etc.
La
réponse évidente est que, en plus d'aménagements de qualité pour les
piétons et les cyclistes, il faut obtenir des automobilistes l'acceptation des
cyclistes sur les chaussées et un changement plus marqué de leurs
comportements: tous les cyclistes ont vécu (ou plutôt survécu) l'expérience
terrorisante de l'automobiliste irascible qui leur fait une queue de poisson ou
les serre VOLONTAIREMENT contre un trottoir.
Piétons
et cyclistes, même combat!
La
belette, le jeune rat et le gros 4X4
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