Mis en ligne le 20 février 2014
révisé le 25 février 2014
Trottoirs
partagés avec priorité aux... cyclistes,
ou les mauvaises manières de vivre l'espace urbain à Palaiseau
Photo-choc 21 |
Mieux vaut en rire qu'en pleurer !
 |
La dernière trouvaille de
la Ville de Palaiseau : la priorité aux cyclistes sur les
TROTTOIRS !!! Vous avez bien lu ! Ce
n'est pas une blague, c'est dans le bulletin municipal
Palaiseau Mag' de février 2014.
La photo ci-contre, illustre l'article
qui en termes dithyrambiques présente la fausse bonne
idée de transformer certains trottoirs en espaces partagés
piétons-cyclistes pour favoriser le développement des
itinéraires cyclables. Le Code précise pourtant que
les véhicules (le vélo est un véhicule) sont interdits sur
les trottoirs, mais les édiles de Palaiseau n'en ont cure:
ils précisent même que les piétons, dindons de la farce,
devront respecter la priorité que les aménageurs ont
accordée aux cyclistes. |
L'article Favoriser
les trajets à vélo dans la vallée, paru
dans le Palaiseau Mag' de février 20014, énumère les décisions
dont la municipalité s'enorgueillit en faveur des cyclistes...
aux dépens des piétons.
Ou lisez-le, recopié au format html, pour nos lecteurs
aveugles ou malvoyants utilisant des machines de lecture.
Ne manquez pas les Commentaires
de la FCDE ci-dessous
et le communiqué de la FCDE de 2009 contre la pression exercée
par les aménageurs qui tentent d'imposer une mixité illégale
entre piétons et cyclistes. Non
aux pistes "cyclables" sur trottoirs |
cliquez pour lire l'article de
la municipalité
Favoriser les trajets à vélo
 |
Ci-dessous l'article litigieux au format HTML
ENVIRONNEMENT
Circulations douces
Favoriser les trajets à vélo dans la vallée
Alors que
sur le plateau de Saclay, la Caps développe depuis plusieurs années un
réseau de pistes cyclables, représentant un circuit de promenade de 43
kilomètres(dont 15 à Palaiseau), dans la vallée, la Ville innove en
multipliant les initiatives pour s’adapter aux spécificités de sa
géographie routière. La preuve par trois.
 |
 |
Avenue du Général-Leclerc, un
espace partagé piétons/vélos - priorité aux cyclistes - , a été
créé côté descendant. Un marquage spécifique le concrétise :
symboles vélo et piéton sur le trottoir et damier vert aux
croisements. |
Nombreux sont les Palaisiens
à jouir des boucles de circulations douces implantées par la Caps sur le
plateau, accessibles aux piétons et aux cyclistes. En contrebas, la
vallée palaisienne offre moins de facilités pour circuler à vélo. C’est
pourquoi la Ville propose de nouvelles manières de vivre l’espace
urbain, en privilégiant le partage.
DES ESPACES PARTAGÉS PIÉTONS/VÉLOS… ET
PLUS
Quatre rues de la commune
sont ainsi considérées comme zones de rencontre : le bas de la rue
Gambetta, la rue de la Gare (en contrebas du pont Nicaise) et les rues
de l’Abbé-Lambert et Michelet à la Bourbillière.
Limitée à 20 km/h et dotée
d’un revêtement de chaussée spécifique, une zone de rencontre est
destinée à faciliter la cohabitation entre piétons, cyclistes et
automobilistes : les plus légers (piétons et cyclistes) ayant la
priorité.
Avenue du Général-Leclerc,
une bande cyclable avait été créée en 2010 dans le sens montant, lors de
la rénovation de la chaussée par le Conseil général ; puis poursuivie
l’année suivante jusqu’à l’avenue du Général-De-Gaulle. Dans l’autre
sens, de Palaiseau vers Villebon, la Ville vient d’aménager un espace
partagé.
Le principe est simple : il
s’agit de laisser place aux vélos sur le trottoir, aux côtés des
piétons. Les cyclistes ont alors la priorité.
«Certaines voies ne sont
pas assez larges pour être équipées d’une piste cyclable. L’avantage
d’un espace partagé est de pouvoir intégrer des bandes cyclables sur les
trottoirs en les aménageant de façon adéquate», relève David Bodet,
adjoint au maire chargé de l’espace public. Pour ce faire, les trottoirs
de l’avenue ont été nivelés par endroits, rabaissés à d’autres par
mesure de sécurité et un marquage spécifique a été réalisé. Reste à
implanter les panneaux de signalisation.
Les riverains devront quant
à eux rester vigilants en sortant de leur garage.
Le même système d’espace partagé est prévu lors de la
réfection de la voirie de l’avenue de Stalingrad (lire p.6).
Enfin,
une piste cyclable longera le deuxième tronçon de la voie de bus en site
propre (SPTC) en cours entre l’École polytechnique et le Christ de
Saclay (lire p.9) et un nouveau pont sur la N118 sera réservé aux bus,
vélos et piétons.
L’École
polytechnique ayant donné son accord, la Caps pourra sous peu créer le
dernier tronçon de la piste cyclable du quartier des Joncherettes qui
rejoindra celle du SPTC.
 |
Commentaires de la FCDE
Lorsque nous avons reçu l'alerte que la Ville de Palaiseau
annonçait fièrement dans son bulletin municipal la priorité
donnée aux cyclistes sur les piétons dont les trottoirs
étaient baptisés "espaces partagés", nous avons cru à une
plaisanterie.
L'introduction dans le Code de la route du principe de
prudence du plus fort envers le plus vulnérable implique que
le conducteur d'un véhicule ne peut pas avoir priorité sur
un piéton dans un espace partagé légal tel qu'une zone de
rencontre. A plus forte raison sur un trottoir illégalement
baptisé espace partagé.
De toute façon, cette priorité accordée aux cyclistes n'est
qu'un épiphénomène ridicule par rapport à la question
fondamentale : la décision d'envoyer dans plusieurs rues
les cyclistes au milieu des piétons sur les trottoirs pour
leur offrir des
"trajets". La Municipalité se croit libre de les baptiser
"espaces partagés".
|
Rappelons que
le 23 janvier 2013 le Tribunal administratif de Strasbourg a jugé
que les espaces mixtes, autre nom pour les trottoirs partagés,
étaient illégaux.
Les
deux photos illustrant cette innovation donnent de plus la" preuve
par deux" d'une méconnaissance de la problématique des bandes
cyclables.
1- La
photo de gauche montre la bande cyclable tracée par le Conseil
Général en 2010 uniquement dans la montée en raison du manque de
largeur de la voie. Il s'agit d'une bonne pratique reconnue par les
spécialistes, et inscrite dans la Charte
départementale des Circulations douces que la FCDE
et la Fédération française de cyclotourisme ont cosignée avec
le Conseil général de l'Essonne en 2010.
Les cyclistes en descente roulent sur la chaussée à des vitesses
compatibles avec la circulation automobile en zone urbaine, et au
besoin leur sécurité peut être renforcée par une limitation locale à
30 km/h.
En revanche dans les sections en côte, il est bon
de fournir aux automobilistes la possibilité de dépasser les
cyclistes moins rapides grâce à une bande cyclable qui protégera
ces derniers contre les dépassements
rasants. Les communes qui obtiennent des subventions pour des
aménagements de circulations douces du Département ou de la Région
ont l'obligation, au moins morale, de respecter les bonnes
pratiques.
2- La
photo de droite montre un cycliste sur un trottoir en légère
descente rencontrant trois piétons marchant sur toute la largeur du
trottoir, environ 1m50. Les paroles de M. Bodet, responsable du
projet, "l'avantage d’un espace partagé est de pouvoir intégrer des
bandes cyclables sur les trottoirs en les aménageant de façon
adéquate", ne sont pas pertinentes puisqu'il n'y a pas de bande
physiquement distincte, mais un espace déclaré commun. De toute
façon une bande cyclable est définie dans le code comme "voie
exclusivement réservée aux cycles à deux ou trois roues sur une
chaussée à plusieurs voies".
Madame
Robillard, Maire de Palaiseau est Vice-présidente de la Communauté
d'agglomération du Plateau de Saclay, la CAPS, où elle a la responsabilité des circulations
douces. De son côté, son 1er adjoint, David Bodet, chargé de
l'Espace public (donc des aménagements pour piétons et pour
cyclistes), représente la municipalité à sa Commission
d'accessibilité, et est aussi Président de la CAPS. Nous
pouvons nous étonner qu'avec les responsabilités qu'ils remplissent
dans le domaine de la voirie et des déplacements à Palaiseau et à la
CAPS, Mme Robillard et M. Bodet n'aient pas pris la mesure des
conséquences de leur "innovation" contraire aux Code de la Route, à
la Loi handicap de 2005, aux recommandations du CERTU (devenu CEREMA)
et aux demandes des associations de personnes handicapées, en
particulier aveugles et malvoyantes.
Peut-être ont-ils été trop confiants dans les informations que
distillent depuis des mois des associations et regroupements de
collectivités qui, sous prétexte de promotion du vélo, essaient trop
souvent de déroger à leurs obligations légales à l'égard des
piétons, y compris handicapés, plutôt que de miser sur la réduction
de l'espace consacré à l'automobile. Ils ont donc pu croire de bonne
foi que les espaces partagés étaient devenus légaux car ils ont été
mis dans la liste des propositions faites aux ateliers du PAMA (Plan
d'actions pour les mobilités actives) réunis sous l'égide du
Ministère du développement durable sur initiative du Club des
Parlementaires pour le vélo.
La
modification au Code de la route se fera peut-être, mais avec de
sérieuses garanties que la suppression de coupures de faible
longueur sur des itinéraires cyclables ne soit pas une excuse
pour choisir la solution de facilité du "trottoir partagé" sans
contraintes techniques avérées. Ils sont acceptables sur des espaces non
modifiables sauf à y faire de très gros frais, par exemple de vieux
ponts dont on souhaite ouvrir les trottoirs de service aux piétons et aux
cyclistes. Les associations de personnes handicapées, les
associations de défense des piétons, et les associations sérieuses
de cyclistes y veilleront.
Si
c'est cette optique qui a inspiré les services techniques de
Palaiseau, ils ont fait un mauvais choix avec cette section de la
rue du Général Leclerc, car au vu de la photo, elle ne présente pas
une impossibilité technique vraie, puisque les cyclistes peuvent
emprunter la chaussée en descente. De plus la suppression du
stationnement sur la chaussée, le remaniement de la bordure du
trottoir, la suppression des plantations, etc. ne sont pas des
contraintes techniques incontournables.
D'ailleurs des partages se font naturellement en de nombreux lieux
où, ponctuellement, le piéton s'écarte, ou le cycliste met pied à
terre et pousse son vélo, sans qu'il soit nécessaire de légiférer.
Il n'est pas choquant que des cheminements mixtes existent dans les
Rigoles sur le Plateau, dans la logique d'itinéraires de promenade
qui peuvent aussi relier des villages. Il s'agit de chemins, non de
trottoirs. En revanche en zone urbanisée le long de rues à
circulation dense, les trottoirs doivent être le plus attractifs
possible pour inciter les gens à marcher plutôt qu'à prendre leur
voiture. La présence des vélos sur la chaussée est un facteur de
modération de la vitesse. Leur intrusion sur les trottoirs est
source de conflits avec les piétons et de repli des personnes âgées.
La FCDE
attend que les décisions de correction de cette mauvaise innovation
soient prises au plus vite.
cliquez pour télécharger en PDF le dossier FCDE complet
|