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TRIBUNAL ADMINISTRATIF DE MARSEILLE

 

N°0607703

M. Marc VERGIER


M. Chanon, 

 Rapporteur


Mme Boyer

Commissaire du gouvernement 


Audience du 16 décembre 2008

Lecture du 30 décembre 2008

49-04-01

 

 

RÉPUBLIQUE FRANÇAISE 

 

 

 

AU  NOM DU PEUPLE FRANÇAIS

 

 

Le Tribunal administratif de Marseille 

(1ère Chambre) 

 

Vu  la  requête,  enregistrée  le  15  novembre  2006,  présentée  par  M.  Marc  VERGIER, demeurant  5 boulevard de Louvain à Marseille (13008)  ; M. VERGIER  demande au Tribunal :  

1°)  d’ordonner  l’effacement  immédiat  sur  les  terre-pleins  des  allées  latérales  du  Prado visés par  les arrêtés  n° CIRC 0603112 et  CIRC 061967 des  8 mars  et  11 avril  2006, décidant  la création  de  bandes  cyclables,  de  tous  les  logos,  bandes  et  plages  peintes  ainsi  que  de  tous  les panneaux  éventuels  et  autres  signalisations  tendant  à  accréditer  dans  l’esprit  du  public  l’idée qu’une autre loi que la loi nationale  y serait en vigueur ;

2°)  d’ordonner  la  mise  en  place  dans  la  zone  concernée  de  panneaux  permanents rappelant  les termes  et l’esprit des  dispositions légales applicables, notamment  quant à  la  vitesse maximum  autorisée  et  l’interdiction  de  causer  de  gêne  aux  piétons  et  quant  aux  aménagements pour handicapés ;

3 °)  d’ordonner,  «  pour  l’intérim  »,  en  considération  du  péril  existant,  la  mise  en  place immédiate  de  panneaux  d ’information  temporaires  et  l’information  immédiate  du  public  par  la presse et  tous  autres  moyens  de  diffusion quant  aux  dispositions  applicables  à  la circulation  sur les trottoirs, terre-pleins et promenades pour  piétons ;

4°) d’annuler, en tant que de besoin, les arrêtés  contestés  ;  

5°)  de  considérer souverainement  l’opportunité  d’étendre  la  portée  de  sa saisine  et de sa décision aux  aménagements  comparables  de  l’ensemble  du territoire  municipal  ou  « communo- communautaire » ;

Il soutient  que  les  arrêtés  contestés  et  particulièrement  leur  mise  en  œuvre  ignorent délibérément  la  lettre  des  articles  R.  412-34,  R.   431-9,   alinéa  4,  et  R.  431-10  du  code  de  la route alors  qu’il  relèvent  de  leur  champ  d'application ;  qu’ils  ambitionnent  de  se  substituer  à  la loi  et  n’indiquent  pas  la  hiérarchie  des  règles  applicables ;  qu’ils  ne  respectent  pas  l’obligation universelle  de  circuler  au  pas dans toutes  les  zones  affectées  aux piétons  et  de  ne  pas gêner  ces derniers,  les  droits  des  handicapés,  la  jouissance  des  droits  consentis  aux  concessionnaires  des terre-pleins ; que ces bandes cyclables  à  double-sens  présentent  des dangers pour  les usagers  de la  voie publique et en particulier les  piétons ;  

Vu les arrêtés attaqués ;  

Vu  le  mémoire,  enregistré  le  15  mai  2007,  présenté  par  M.  VERGIER,  qui  conclut  aux mêmes fins, par les mêmes  moyens, que la requête ;

Vu l'ordonnance en  date du 2 juillet 2007 fixant la clôture  d'instruction au 2 août 2007, en application des articles  R. 613-1 et R.  613-3 du code de justice administrative ;  

Vu  le  mémoire en  défense, enregistré  le  4 juillet 2007,  présenté  par  la  ville  de  Marseille, représentée par son  maire  en exercice, qui conclut au rejet  de la requête ;  

Elle  fait  valoir  que  les  arrêtés critiqués sont  conformes  aux  plans  d’aménagement élaborés par  la communauté urbaine Marseille  Provence  Métropole, compétente  en la matière,  le maire  s’étant  borné,  en  application  de  ses  pouvoirs  de  police,  à  réglementer  la  circulation  et  le stationnement ;  qu’ils  sont  également  conformes  à  la  réglementation relative  à  la circulation  des piétons  et des cyclistes  sur  la  voie publique  et  ne  méconnaissent  pas  les  dispositions  invoquées, lesquelles  ne  prohibent pas  l’implantation de pistes  cyclables  sur  les  trottoirs ;  que  la réalisation de ces pistes  s’est faite dans  le  respect du  code  de la route ; que la  signalisation  mise  en place ne se  substitue  pas  à  la  réglementation  existante  mais  informe  et  rappelle  les  dispositions applicables du code de la route ;  

Vu le  mémoire, enregistré le 11  juillet  2007, présenté par M. VERGIER, qui confirme  ses précédentes écritures ; Il  ajoute  qu’une règle,  quel  que  soit  son  objet,  ne  saurait  être à  ce  point  inintelligible  et inapplicable ; que  les  aménagements  appropriés  au  partage des  trottoirs  entre  les  cyclistes et  les piétons n’ont pas été mis en place ;

Vu les autres pièces du  dossier  ;  

Vu le code général des collectivités territoriales  ;

Vu le code de la route ;  

Vu le code de justice  administrative ;  

Les parties ayant  été  régulièrement averties du jour de l'audience ;  

Après  avoir entendu au  cours de l'audience publique du 16 décembre 2008 :  

- le  rapport de M.  Chanon,  rapporteur ;  

-  les observations de M. VERGIER ;  

- et les conclusions de Mme Boyer, commissaire du gouvernement ; 

Sur les conclusions  aux fins d’annulation :  

Considérant  qu’aux termes  de l’article L.  411-1 d u code de  la  route, dans sa  rédaction  à  la  date  des  arrêtés  attaqués  :  « Les  règles  relatives  aux  pouvoirs  de  police  d e  la  circulation routière  dévolus au  maire  dans  la  commune  (…)  sont  fixées  par  les  articles  L.  2213-1  à L. 2213-6 du  code général des collectivités territoriales ci-après reproduits : " Art. L. 2213-1 - Le maire exerce  la police de la circulation sur les routes nationales, les routes départementales et les voies  de  communication  à  l'intérieur  des  agglomérations.  (…)" » ;  qu’aux  termes  de  l’article R. 110-2  : « Pour  l'application du  présent code, les  termes ci-après ont le sens qui leur est donné dans  le  présent  article  :  (…)  -  aire  piétonne  :  emprise  affectée,   de  manière  temporaire  ou permanente, à  la circulation des piétons et  à l'intérieur du  périmètre de  laquelle  la  circulation des véhicu les  est  soumise  à  des  prescriptions  particulières  ;  (…)  -   bande  cyclable  :  voie exclusivement réservée aux cycles à deux ou trois roues sur une chaussée à  plusieurs voies ; (…) -  chaussée  :  partie(s)  de  la  route  nor malement  utilisée(s) pour la circulation  des  véhicules  ;  (…) -  piste  cyclable  :  chaussée  exclusivement  réservée  aux  cycles  à  deux  ou  trois  roues  (…) » ; qu’aux  termes  de  l’article  R.  412-34  :  « I.  -  Lorsqu'une  chaussée  est  bordée  d'emplacements réservés  aux  piétons  ou  normalement  praticables  par   eux,  tels  que  trottoirs  ou  accotements,  les piétons  sont  tenus  de  les utiliser,  à  l'exclusion  de  la  chaussée.  Les  enfants  de  moins  de  huit  ans qui  conduisent  un  cycle  peuvent  également  les  utiliser,  sauf  dispositions  différentes  prises  par l'autorité  investie  du  pouvoir  de  police,   à  la  condition  de  conserver   l'allure  du  pas  et  de  ne  pas occasionner  de  gêne  aux  piétons.  II.  -  Sont  assimilés  aux  piétons  :    Les  personnes  qui conduisent  une  voiture  d'enfant,  de  malade  o u  d'infirme,   ou  tout  autre  véhicule  de  petite dimension  sans  moteur ; 2° Les  personnes qui conduisent à la  main un cycle ou un  cyclomoteur ; 3°  Les  infirmes  qui  se  déplacent  dans  une  chaise  roulante  mue  par  eux- mêmes  ou  circulant  à l'allure  du  pas  (…)  » ;  qu’aux  termes  de  l’article  R.  431-9  :  « Pour   les  conducteurs  de  cycles  à deux  ou  trois  roues,  l'obligation  d'emprunter  les  bandes  ou  pistes  cyclables  est  instituée  par l'autorité  investie  du  pouvoir  de  police  après  avis  du  préfet.   (…)  Les  conducteurs  de  cycles peuvent circuler sur  les aires piétonnes,  sauf dispositions différentes prises  par  l'autorité investie du pouvoir de police, à la condition de conserver l'allure du pas et de ne pas occasionner de  gêne aux piétons. ( …) Le  fait, pour tout  conducteur, de contrevenir  aux dispositions du présent article ou à celles prises pour son application est puni de  l'amende prévue pour  les  contraventions  de la deuxième classe. » ; 

Considérant  que, par arrêtés   CIRC  0603112  et  CIRC 061967 des 8 mars et 11 avril  2006,  le  maire de la ville de Marseille a,  notamment, décidé  la  création de bandes cyclables au  centre des terre-pleins des allées latérales du Prado ; qu’il a ainsi également  entendu  réglementer  la  circulation  des cycles  en  leur  imposant d’emprunter ces bandes cyclables ; que M. VERGIER doit  être  regardé  comme  poursuivant  l’annulation  de  ces  arrêtés  et  comme  sollicitant, en  conséquence de  l’annulation, des  mesures  d’injonction ;  

Considérant  que  si,  en  vertu  de  l’article  L.  521 5-20  du  code  général  des  collectivités territoriales, la communauté urbaine Marseille Provence Métropole est compétente en matière de création  ou  aménagement  et  entretien  de  voirie,  la  police  de  la  circulation  routière  dans  la commune  de  Marseille  relève de  la  seule  compétence  du  maire  en  vertu  des  pouvoirs  de  police qu’il  tire  des  dispositions  combinées,  et  précitées,  des  articles  L.411-1  du  code  de  la  route  et  L.  2213-1  et  suivants  du  code  général  des  collectivités  territoriales ;  que  les  arrêtés  critiqués réglementant  la  création  et l’utilisation  de bandes cyclables constituent des  mesures de police  de la circulation routière prévues par  l’article R. 431-9 du code de la  route  ; que, dès  lors,  la  ville de Marseille  ne  peut  utilement  invoquer  la  conformité  des  arrêtés  en  litige  aux  plans d’aménagement élaborés par la communauté urbaine ;  

Considérant  qu’il  résulte  des  prescriptions  rappelées  ci-dessus  de  l’article  R.  110- 2  du code de la route que les pistes et bandes cyclables ne  peuvent être réalisées que  sur une chaussée, soit  la partie de  la route normalement utilisée pour la circulation  des véhicules  ;  qu’il  ressort des pièces du  dossier que  les  larges  terre-pleins  en  cause,  qui  ne  font  pas partie  de  la chaussée  mais sont  surélevés  par  rapport à  elle,  sont  situés entre l’avenue  du Prado  et  les allées du  Prado,  sans qu’une circulation  de véhicules automobiles n’y soit possible, ce qui n’est d’ailleurs pas allégué ; que,  dès  lors,  ces  terre-pleins  constituent,  non  des  aires  piétonnes  au  sens  de  ces  mêmes prescriptions,   mais  des  emplacements  réservés  aux  piétons  au  sens  des  dispositions  de  l’article R.  412-34  du  code  la  route,  qui  peuvent  également,  en  vertu  de  ces  mêmes  prescriptions,  être utilisés par les  seuls  cyclistes âgés de  moins  de  huit ans  « à  la  condition  de  conserver  l'allure  du pas  et  de  ne  pas  occasionner  de  gêne  aux  piétons »  ;  qu’il  s’ensuit  qu’en  autorisant  la  création des  bandes  cyclables  en  litige,  par  nature  autorisées  à  tous  les  utilisateurs  de  cycles  sans limitation  de  leur  vitesse à  celle des  piétons,  le maire de  la ville  de  Marseille  a  fait une inexacte application des dispositions du  code de  la route ;

Considérant  qu’il résulte de ce qui  précède, sans q u’il  soit besoin  de statuer sur les  autres moyens de  la requête,  que M.  VERGIER est fondé à demander  l’annulation des arrêtés  attaqués ;  

Sur les conclusions  aux fins d’injonction  :  

Considérant  qu’aux  termes  de  l’article  L.  911-1 du  code  de  justice  administrative :

« Lorsque  sa  décision  implique  nécessairement  qu’une  personne  morale  de  droit  public  ou  un organisme de droit privé chargé de la gestion  d’un service public prenne une mesure d’exécution dans  un  sens  déterminé,  la  juridiction,  saisie  de  conclusions  en  ce  sens,  prescrit,   par   la  même  décision juridictionnelle, cette mesure assortie, le  cas échéant, d’un délai d’exécution. »

Considérant  que  l’annulation  des  arrêtés  litigieux  qui  vient  d’être  prononcée  n’implique pas  nécessairement  que  la  ville  de  Marseille  entreprenne  des  travaux  d’effacement  des  bandes cyclables,  lesquels  relèvent  de  la  seule  responsabilité  de  la  communauté  urbaine  Marseille Provence  Métropole  ; qu’en  revanche le présent jugement implique  qu’il  soit enjoint à  la ville de Marseille de prendre  les  mesures  nécessaires  pour  que  soit  mis  place,  dans  un  délai  de  quatre  mois,  une  signalisation  indiquant  que  les  bandes  cyclables  des  allées  du  Prado  visées  par  les arrêtés  en litige  sont  réservées  aux  enfants  de  moins de huit  ans  qui  conservent  l'allure  du pas  et  n’occasionnent pas de gêne aux  piétons ;  

Considérant  qu’il  n’appartient  pas  au  juge  administratif  d’étendre  de  lui- même  sa saisine ;  

D E C I D E :  

Article  1 :  Les  arrêtés  du  maire  de  Marseille  n° CIR C  0603112  et  CIRC  061967  des 8 mars et 11 avril 2006  sont annulés.  

Article  2 :  Il  est  enjoint  à  la  ville  de  Marseille  de  prendre  les  mesures  nécessaires  pour que  soit  mis  place,  dans  un  délai  de  quatre  mois,  une  signalisation  indiquant  que  les  bandes  l'allure  du pas et n’occasionnent pas de gêne aux piétons

Article 3 : Le  surplus des conclusions de la  requête est rejeté.  

Article  4  :  Le  présent  jugement  sera  notifié  à  M.  Marc  VERGIER  et  à  la  ville  de Marseille.

Copie  en sera adressée au préfet  des Bouches-du-Rhône.

Délibéré après  l'audience du 16 décembre 2008,  

Lu en  audience publique  le 30 décembre  2008.  

 à laquelle  siégeaient :  Mme Dol, présidente, M. Chanon, premier conseiller,  Mme Lopa-Dufrenot, conseillère,  assistés de M. Camolli, greffier.  

 

Le rapporteur,

Signé  

R.  CHANON

La présidente,  

Signé 

C. DOL

Le greffier,  

Signé

A. CAMOLLI

La République mande et ordonne au préfet des Bouches-du- Rhône en ce qui le concerne et à tous huissiers en ce requis en ce qui concerne  les voies de droit commun contre les parties  privées  de pourvoir à l’exécution du présent jugement.

Pour expédition conforme,  

LE  GREFFIER EN CHEF