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mis en ligne le juin 2010

Des idées pour aider les seniors à sortir de chez eux 

L'article du Monde ci-dessous est paru le 31 mars 2010. Nous prenons la liberté de le reproduire in extenso sur une seule colonne en HTML pour en faciliter la lecture par logiciels vocaux pour nos lecteurs aveugles ou malvoyants. 

Il mérite d'être diffusé largement auprès des élus et de tous les services techniques pour les inciter à appuyer la démarche Code de la rue dont  l'objectif est de rendre nos villes plus humaines.

C'est aussi de développement durable qu'il s'agit ! Faudra-t-il attendre 107 ans pour que l'accessibilité à la voirie pour les personnes handicapées ou âgées soit une évidence intégrée dans les projets urbanistiques ; pour que les rues de nos villes offrent enfin des trottoirs suffisamment larges pour accueillir sans causer une gêne insupportable aux piétons encore sur leurs jambes, les futurs véhicules d'aide à la mobilité, mini-scooters ou gyropodes genre Segway sur lesquels travaillent déjà tant d'ingénieurs ; pour que l'humain  ait enfin "le pas" sur la roue ? 

Parce que la volonté politique n'est apparemment plus au rendez-vous, la plupart des associations qui ont travaillé avec énergie pour présenter des propositions cohérentes dans le cadre de la démarche Code de la rue ont signé une déclaration demandant la concrétisation de leurs propositions dans le Code de la route. 

Lire la déclaration commune du 31 mars 2010 : Le Code de la rue, une urgence en France  

 

facsimile de la pleine page du Monde sur les séniors  

 

cliquez sur le lien pour copier ou imprimer l'article au format PDF lien vers Les seniors dans la ville

 

Article de Rafaële Rivais, publié dans Le Monde du 31 mars 2010

Des idées pour aider les seniors à sortir de chez eux

Une dame de 85 ans traverse un passage piéton le soir en hiver

Les personnes âgées sont des piétons particulièrement vulnérables, 

crédit photo : Jean Manuel Simoes/Fedephoto

 

Un groupe de travail propose des solutions pour développer leur mobilité et favoriser l'accès aux transports

Colette Sarraille, 85 ans, chemine doucement, en s'appuyant sur sa canne, rue Vergnaud dans le 13ème arrondissement de Paris. Elle aimerait bien se reposer de temps en temps, mais il n'y a pas de bancs : « La mairie les enlève à cause des clochards!», proteste-t-elle. Cette ancienne infirmière a pris sa retraite à 60 ans. Elle vit chez elle, comme 90 % des seniors de plus de 60 ans, et aspire à y rester le plus longtemps possible.

Pourtant, l'univers de Colette s'est « rétréci », il y a trois ans, lorsqu'elle s'est cassé le col du fémur. «Avant, je sortais beaucoup, au cinéma, dans les expositions. Mais depuis l’accident, je ne fais plus rien du tout » soupire-t-elle. Prendre le métro? Pas question : «II n'y a pas d'escalator ou s'il y en a, c'est pour monter, alors qu'il est plus difficile de descendre». Le bus  ? «Je n'ose plus : on risque de tomber quand le bus démarre car le chauffeur n'attend pas que l'on soit assis. Et si l’on n'est pas assez rapide, on peut se faire coincer dans la porte automatique.» Quant aux taxis, «ils ne m'aident pas à m'asseoir ou à me relever !»

Colette ne marche plus très longtemps, car elle a de petits problèmes cardiaques. Du coup, la retraitée ne se promène plus que dans son quartier, pour faire ses courses, puisqu’elle a «la chance d'y disposer de magasins », et acheter son journal à la boutique du Monde, ce qui lui donne l'occasion de «bavarder avec des gens très gentils».

Nombre d'enquêtes du Centre d'études sur les réseaux, les transports, l'urbanisme et les constructions publiques (Certu), qui dépend du gouvernement, montrent que la présence de commerces et de moyens de transport à proximité du lieu de résidence est essentielle pour les personnes âgées. Le premier motif de déplacement des seniors concerne ainsi les achats, selon une étude de 2001.

Deux chercheurs de l'université de Lyon-III, Pierre-Marie Chapon et Florent Renard, ont même constaté, en 2008, que les trois lieux les plus fréquemment visités sont la boulangerie, le marché et la pharmacie. Ils ont équipé de GPS une quinzaine de dames de 80 ans et plus, vivant seules dans plusieurs quartiers du 8ème arrondissement de Lyon, et analysé leurs déplacements sur une semaine.

Celles qui devaient prendre les transports en commun pour accéder à ces trois types de commerce sortaient moins souvent de leur domicile. Les chercheurs observent que le territoire de vie des personnes âgées n'excède pas 500 mètres. «Il faudrait que les documents d'urbanisme prennent en compte ces données, et qu'ils installent par exemple les résidences pour personnes âgées à moins de 500 mètres des pôles commerciaux», estime Pierre-Marie Chapon, qui participe à un groupe de travail sur la mobilité et l'urbanisme constitué dans le cadre de la mission «Vivre chez soi» créée par la secrétaire d'État aux aînés, Nora Berra, mi-février.

M. Chapon juge aberrant que, pour l'instant, «un quart des établissements pour personnes âgées ne soient pas desservis par les transports en commun selon les chiffres du ministère de la santé. Comment les seniors peuvent-ils sortir ou recevoir des visites ?», interroge-t-il.

Le docteur Jean-Pierre Aquino, président de la Société française de gériatrie et de gérontologie (SFGG), qui dirige le groupe de travail, assure que le rapport qu'il prépare « plaidera pour une meilleure intégration des besoins de mobilité des aînés. Pouvoir sortir de chez soi, se déplacer librement dans la ville, est un facteur essentiel du vivre chez soi», affirme-t-il.

D'autres dispositions sont à prendre, pour favoriser la mobilité des seniors, estime Claude Dumas, directeur du Centre de ressources et d'innovation mobilité handicap (Ceremh), et lui aussi membre du groupe de travail. II faut «améliorer la voirie», puisque la marche à pied est le mode de déplacement privilégié des seniors, notamment après l'arrêt de la conduite : les rues doivent être assez larges pour accueillir des déambulateurs ou des fauteuils roulants, et comporter des points de repos.

Le territoire de vie des personnes âgées n'excède pas 500 mètres

Il faudrait sans doute aussi «augmenter le nombre de zones limitées à 30km/h » qui permettraient de limiter les accidents dont les seniors sont victimes : en 2006, 51 % des piétons tués étaient âgés de 65 ans et plus. Parce qu'ils sont plus fragiles, les accidents qui les touchent sont souvent mortels.

Nombre de seniors continuent d'utiliser leur voiture le plus longtemps possible, surtout s'ils vivent à la campagne. Ne sont-ils pas des dangers publics ? Pas du tout, répond l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), après avoir constaté qu'ils sont à l'origine d'un moins grand nombre d'accidents que les autres groupes d'âge, dans un rapport de novembre 2001.

L'OCDE réclame aussi le développement de modes de transports de substitution. «Dans les pays nordiques, les personnes âgées utilisent des scooters à trois ou quatre roues qui roulent à 10 km/h. Pourquoi pas en France ?», s'interroge M. Dumas. Services publics accessibles aux passagers en fauteuil roulant, transports semi-collectifs ou à la demande, et services d'accompagnement, sont autant de solutions à développer. ■

Rafaële Rivais


L'OCDE recommande des véhicules adaptés

Les plus de 60 ans représentaient en 2009 22 % de la population française, soit 14,4 millions de personnes. L'Insee estime qu'ils seront 22,3 millions en 2050 du fait notamment de l'allongement de l'espérance de vie (84,5 ans pour les femmes, 77,8 ans pour les hommes).

Les personnes âgées de 65 ans et plus bougent moins que le reste de la population, selon une étude du Centre d'étude sur les réseaux, les transports, l'urbanisme et les constructions publiques de mai 2001 : 71  % de ceux qui vivent en milieu urbain se déplacent quotidiennement, contre 80  % à 90  % pour la moyenne nationale. Les hommes effectuent 3.1 déplacements par jour et les femmes 2.2.

Les motifs de déplacement sont les achats (45 %), les visites (13 %), les loisirs (10 %), la promenade (10 %). Les modes de déplacement sont la marche (46,3  %), la voiture comme conducteur (30,5 %) ou passager (12,2 %) et les transports en commun (7,9 %), dont le bus (6,2 %). Les seniors sont nombreux à conduire leur véhicule : 40 % de 65 à 69 ans. 30 % de 70 à 74 ans, 25 % de 75 à 79 ans, et 16  % de 80 à 99 ans. L'abandon de celui-ci est souvent vécu comme un deuil. Confrontés à des pertes d'aptitude, ils évitent de conduire dans des situations difficiles (nuit, heures de pointe ou jours de pluie), observe l’OCDE.

Un contrôle ciblé

L'organisation juge qu'instituer un contrôle médical obligatoire à partir d'un certain âge ne serait «ni efficace en termes de coûts ni avantageux», car l'aptitude à la conduite ne dépend pas de «l'état de santé» mais «des conséquences fonctionnelles de la maladie». L'OCDE lui préfère un contrôle ciblé sur les personnes affectées de handicaps fonctionnels. Elle réclame des tests de conduite spécifiques qui permettent de déterminer la probabilité d'implication dans un accident.

Soucieuse de voir la mobilité des baby-boomers se prolonger à l'horizon 2030, l’OCDE recommande en outre la conception de véhicules plus facilement accessibles (munis éventuellement de sièges pivotants) et équipés de dispositifs d'assistance à la conduite. ■